Pourquoi ces réactions émotionnelles ?
Deux grandes lois régissent le psychisme : le principe de plaisir (satisfaire nos envies) et le principe de réalité (on ne peut les satisfaire toutes). Le jeune enfant n’a pas encore accès à l’appréhension de la réalité et ne comprend pas qu’on ne satisfasse pas tous ses désirs. Le caprice résulte de la confrontation de son envie au désir de l’autre, et exprime son insatisfaction et son désarroi quand il découvre qu’il n’est pas tout-puissant.
Le caprice est aussi le moyen de tester les limites.
Pour grandir l’enfant a besoin d’amour ET de limites. Pour savoir jusqu’où il peut aller il a besoin de sentir que les limites sont toujours bien là. Il manifeste son insatisfaction et si les adultes sont solides dans leur décision il est rassuré. L’enfant qui réagit ainsi n’est ni trop gâté ni mal élevé, il a besoin de dire NON et de tester les limites pour se construire.
Enfin le caprice est le moyen de s’opposer pour façonner sa personnalité.
Cette période d’opposition est très constructive. Elle permet à l’enfant de s’affirmer en tant que personne différente, d’exprimer ses désirs, ses émotions, d’exister en tant que sujet.
A quel âge les caprices commencent-ils ?
Avant 2 ans, quand l’enfant pleure il exprime un besoin. A partir de 2 ans il veut s’affirmer en tant que personne. Il accède au langage, au symbolique, à la propreté, entame le processus d’autonomisation, c’est la période du « NON ».
Plus l’enfant grandit, avec des parents solides qui tiennent les limites, moins il fera de caprices. Vers 7 ans il aura compris et accepté certaines règles sociales et valeurs morales, qui lui permettront de tenir compte du principe de réalité. Si les adultes n’insufflent pas ces règles ou cèdent systématiquement, les caprices peuvent durer longtemps, longtemps… parfois toute la vie !
Comment gérer les caprices ?
Le caprice est une réaction normale chez l’enfant, il est donc souhaitable d’accueillir sa colère avec bienveillance, d’essayer d’en comprendre le sens et de l’aider à mettre des mots sur ses envies et ses émotions. Puis on peut ajouter une explication pour motiver le refus ou l’interdit, simplement, sans hausser le ton et en s’accroupissant pour se mettre à sa hauteur : « je comprends que tu sois en colère, mais je ne suis pas d’accord avec toi », ou « je comprends que ça ne te plaise pas mais je ne peux pas faire autrement » ou « je comprends ta déception mais ce que tu veux faire est dangereux et tu pourrais te faire très mal » etc. L’enfant saura d’une part qu’il a été compris et d’autre part pourquoi on lui a dit non. Ses pleurs ne cesseront sans doute pas tout de suite car le caprice est un processus de guérison du désarroi causé par la frustration ou l’impuissance et doit arriver à son terme. Laissons l’enfant pleurer, trépigner, sans le stigmatiser en le traitant de vilain et sans lui faire honte.
On peut essayer de faire diversion. Par exemple, « après les courses on va aller faire du toboggan ». On peut aussi éliminer les situations qui déclenchent les caprices : ne plus emmener l’enfant avec soi pour faire les courses.
Il peut être intéressant d’avoir une réflexion sur les exigences et les interdictions : sont-elles bien toutes nécessaires?
Il est bon de garder son calme : l’adulte qui s’énerve est vite disqualifié par l’enfant qui ne le sent pas solide. Ne pas dire non si on ne se sent pas capable de tenir ce non jusqu’au bout et si on finit par dire oui. L’enfant va comprendre « je veux quelque chose, on me dit non, je fais un caprice, j’obtiens ce que je veux ». Il va entrer dans la toute-puissance et les caprices vont durer… Il est possible de prévenir l’enfant qui a le temps de se faire à ce qu’on lui demande. On peut dans certaines situations laisser une possibilité de choix à l’enfant : tu veux que je t’aide à mettre ton manteau ou tu veux le mettre tout seul ? Tu te laves les mains à la cuisine ou à la salle de bains ? Dans tous les cas il est souhaitable d’être bienveillant, accueillant, compréhensif, calme et imaginatif.

Cas particuliers
Certaines crises surprennent par l’ampleur et la violence des manifestations (fuite, jet d’objets, insultes, coups…). Là, on n’est plus dans le simple caprice. L’enfant qui a une réaction insolite a toujours une raison et on se doit encore plus d’essayer de comprendre ce que l’enfant exprime : solitude, angoisse, totale incompréhension, besoin d’amour. Si l’enfant est enfin compris, si l’adulte peut l’aider à mettre des mots sur son désarroi et lui proposer des moments chaleureux, alors pourra-t-il éviter ces crises violentes et difficiles à vivre pour lui-même et pour les adultes qui l’entourent.

Pour conclure :
Ne pas fuir l’enfant
Garder son calme
Décoder le caprice
Motiver les interdictions
Ignorer les autres / Déculpabiliser
A la lecture de cet article, nous retenons que dialogue, communication et effort de compréhension de la situation sont les maîtres mots !
Résumé de l’article de Gérard BERTOUT, psychologue, paru dans Assistante maternelles magazine n°76 – février 2011 p. 24, 25, 26.